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Insécurité: « Il y a des entreprises qui courent de grands dangers », regrette l’homme d’affaires Manuel Heusch-Desquiron

  • Posted by: AmCham Haiti
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L’insécurité, l’inflation, la dévalorisation de la gourde, le dernier épisode de peyi lòk sont autant de facteurs qui affectent les entreprises dans le pays. Intervenant à l’émission Panel Magik ce jeudi 9 février 2023, l’homme d’affaires Manuel Heusch-Desquiron, a révélé qu’il y a des entreprises qui « sont en grand danger» dans le pays.

Par Germina Pierre Louis (Le Nouvelliste)

Les ports du pays sont restés fermés durant trois mois. Et durant cette période les marchandises s’y sont cumulées. Ceci a de lourdes conséquences sur les entreprises. « Les ports ne pouvaient pas livrer de marchandises, il y avait une accumulation de containers aux ports du pays. Cela a créé un surplus de stocks. Et certains entrepreneurs ont moins de cash-flow. Beaucoup d’entreprises sont très en danger ces jours-ci parce que malgré le fait que des containers soient restés coincés à la douane durant 3 mois, les entrepreneurs qui ont des échéances de crédit avec leur fournisseur doivent continuer à les payer. Ce qui nous a appauvris parce que durant ces trois mois il n’y avait pas de vente. Tout ceci influence le cash-flow des entreprises », s’est plaint Manuel Heusch-Desquiron.

L’entrepreneurs salue les nouvelles mesures prises par l’Administration générale des douanes, mais exprime ses réserves. « Le ministère de l’Economie et des Finances et l’Administration générale des douanes font un bon travail pour essayer de combattre la contrebande et toutes les autres inégalités. Mais, étant donné que c’est un nouveau processus malheureusement beaucoup d’innocents paient pour des coupables parce que très souvent la douane a majoré beaucoup de nos facturations, elle ne respecte pas le fret. Il y en a qu’on décide de majorer. Je pense que c’est un processus et que tout se normalisera. Il faut que nous autres du secteur privé on s’aligne pour que nous soyons transparents, ayons une compétition loyale. Cela va prendre du temps. La douane est en train de travailler pour y parvenir. On va arriver à un moment où tout le monde sera aligné mais il faudrait que la douane accepte les factures », espère M. Heusch-Desquiron.

« Lorsqu’on va en Chine, au Brésil pour acheter une marchandise à meilleur prix pour satisfaire un pouvoir d’achat très faible en Haïti et qu’ils sont surfacturés, à ce moment nos prix sont augmentés et à la fin c’est le consommateur final qui en paie le prix. En Haïti on a les produits de luxe et les produits populaires ils ne peuvent pas être adressés de la même façon », a-t-il conseillé admettant que le coût du fret a drastiquement baissé à l’échelle international.

« Par exemple, on payait un container à 20 pieds de la Chine dans les 15 000 dollars, et à présent le montant se situe entre 2 400 et 3 000 dollars pour un 20 pieds. De l’inde on payait 13 000, mais à présent le taux a chuté à 2 600 dollars. Le prix a été réduit de 50 % pour le Brésil… », a-t-il dit. Il a précisé que cette baisse n’aura pas d’effet immédiat sur l’économie parce que beaucoup d’entreprises n’ont pas encore vendu leur stock de marchandises accumulées.

« Normalement un fournisseur qui se respecte ne devrait pas modifier ses factures. Mais si la douane a des doutes sur la facture de certaines personnes, elle pourrait communiquer directement avec le fournisseur pour vérifier l’authenticité des factures. Il y a des modus operandi pour vérifier la véracité des documents des opérateurs », insiste M. Heusch-Desquiron qui dit travailler avec le MEF et l’AGD pour essayer d’établir des tarifs par produit. « Il faut une certaine transparence, on ne peut pas mettre tous les produits dans les mêmes catégories. Il y a des travaux qui sont en cours et je pense qu’ils aboutiront. »

L’entrepreneur se plaint du fait qu’il ne peut pas faire circuler ses biens à travers le pays à cause de l’insécurité « Nous ne pouvons pas envoyer nos produits en province parce qu’on vole nos camions, nos marchandises, on nous exige un frais de passage. Il a des frais locaux parce que les camionneurs ne veulent pas sortir sans la police. Il faut qu’on paie la police. Pour sortir un container de la douane, il nous faut décaisser 1000 dollars », a-t-il soupiré.

Le Haut Conseil de Transition, pour lui, est une lueur d’espoir. « Le HCT ouvre la voie vers une transition. On a une collaboration plus étroite avec eux. C’est une ouverture pour nous ; un espoir parce qu’on peut travailler ensemble pour arriver à rétablir la sécurité, vers les élections crédibles. »